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Halles Alstom – École Supérieure des Beaux-Arts

C’est entendu,
Forcément l’échelle donne le vertige, forcément le vide impressionne, forcément les éléments constitutifs et répétitifs de la structure donnent le rythme et la sonorité de ce bâtiment. Et alors quoi ? Faut-il alors se laisser impressionner ? Doit-on ici sentir la force du sacré et la petitesse de l’humanité ? Les vestiges de l’industrialisation seraient-ils la nouvelle mamelle d’une forme de taxidermie religieuse ? La question est de trouver le moyen de redonner vie à ce bâtiment.

Diagnostic

Il nous faut chercher à le comprendre, à l’écouter pour établir un dialogue, une complicité avec lui. S’il y a bien un endroit où le contexte n’est pas un prétexte, c’est lorsqu’il est question de redonner vie à un lieu qui semble abandonné. Pour celui qui veut bien le ressentir, c’est le moment précis où le bâtiment se laisse voir tel qu’il est, sans nostalgie ou faux semblant, juste un moment de vérité. L’architecture à cet endroit devient un acte culturel, une prise de conscience du temps. Tâchons d’éviter les anachronismes pour parvenir à se mettre en rapport avec l’environnement du bâtiment. Par nature, les halles Alstom sont dans la lignée des figures emblématiques de l’île que sont le palais de justice, l’école d’architecture et les nefs Dubigeon – un parvis, une terrasse et un passage. Quelle figure manque-t-il ?
Que nous permettent les halles Alstom ?
Commençons par prendre le bon, de ce que cette construction nous propose, et lais- sons le reste. Ne nous laissons pas submerger et emporter par des oripeaux de mémoires industrielles qui, ici, devraient plus qu’ailleurs être fi gés à jamais. Car au fond, qu’est-ce qu’un shed ou un bout de bardage bleu pâle délavé, qu’ont-ils de si merveilleux pour qu’il faille les garder à tous prix ? Et bien non, ce vertige n’a rien à voir avec celui des architectures religieuses, emphatiques et conçues pour montrer la toute-puissance conservatrice de celui qu’ils appellent seigneur. Ici le vertige n’est qu’une résultante d’un usage. Si l’usage change, le bâtiment change. Il l’a déjà fait, il en a les traces, pas les stigmates, il le refera à n’en pas douter ou alors l’usage n’aurait rien à voir avec l’architecture. Ce qui nous sert, c’est un rez-de-chaussée de plein pied, vaste, large, long et haut, très haut. Ce qui nous sert, ce sont des fi les de poteaux jusqu’à la hauteur des ponts roulants. Ils sont conçus pour supporter des charges latérales et des surélévations. Ce qui nous sert, c’est la lumière venue du ciel et l’envie de préserver le vide qui fait office de profondeur de champ lorsqu’on rentre dans le bâtiment. C’est un bâtiment intime, un lieu qui se découvre une fois que nous sommes rentres dedans, il se laisse alors explorer. C’est une membrane rétroversée ou finalement l’extériorité est à l’intérieur. Il y a un aspect très charnel dans le fait de passer au travers d’une fi ne peau pour se retrouver dans une halle d’une sombre immensité. Pourtant, plus on le prolonge, plus la lumière apparait. C’est un lieu d’intimité, proprement et définitivement. C’est la première chose que nous devons essayer de regler et de conserver, Il ne s’agit plus ensuite que d’une question de conjugaison.
– Urbi
Transpercer le bâtiment existant pour laisser des axes transversaux vers la Loire et longitudinaux pour longer l’ensemble des nouveaux bâtiments.
– Aparté :
Pourquoi si souvent les projets d’urbanisme récents ne proposent-ils que des bâtiments isolés sur leurs quatre faces obligées en cabotinant dans tous les sens pour se faire croire qu’ils ont un quelconque intérêt. Comme si l’autre n’existait pas. N’y a-t-il pas là-dedans le signe de l’individualisme outrancier qui stigmatise notre temps ?
Pourrions-nous imaginer une rue au cœur de Paris ou de toute autre ville où la mitoyenneté n’existerait pas ?
Aparté fi nie…
Un parvis, une terrasse, un passage et ?…
Besoin
La lumière naturelle est la matière première qui manque ici.
Impossible de préconiser des lieux d’apprentissages, des ateliers, des lieux de vie ou il n’y aurait pas de lumière du jour. Nous concevons que pour des humains, le premier des conforts, et peut-être même le seul, c’est la lumière. Il nous faudra donc faire pénétrer celle-ci jusqu’au cœur sans jamais excéder une largeur et une profondeur capable pour les lieux construits.
C’est cette règle de vie, une simple règle de bon sens qui va nous guider dans la conception du bâtiment.
L’autre besoin est l’usage public qui jusqu’ici a jalonne les nuits de fêtes du peuple de la nuit nantaise.
Pas question que ce lieu ne puisse plus servir a ça, au contraire !
C’est l’une de ses raisons d’être, supprimer cette possibilité c’est l’amputer.
Suivre la lumière
Un parvis, une terrasse, un passage et… une place.
Naturellement nous proposons donc une cour, une place fermée sur elle-même, Comme l’évidence de la stricte interprétation contemporaine de ce bâtiment.
Sur sa face nord, cette place soulève à peine ses jupons pour suggérer plus qu’elle ne se montre. Pour jouer, manipuler les ombres et prendre le passant dans ses fi ls de lumière. Laisser le regard s’échapper a cet endroit permettra de donner un peu de largeur au passage entre les halles Alstom et l’ensemble des autres bâtiments, ce qui ne gâche rien. Voilà, faire un lieu capable ou tout est possible, un lieu intime pour se retrouver un peu et être en même temps ailleurs.
Nous n’inventons rien si ce n’est qu’une ville avec une place, un quartier des arts avec une cour qui lui serait dédiée. Une véritable place pour l’art dans la ville. Ça tombe sous le sens.