Va jouer dehors – Texte

VA JOUER DEHORS !

C’est par le truchement des photographies de PHILIPPE RUAULT que MATTHIEU POITEVIN rend compte de son regard d’architecte sur Marseille. Hors de la vue officielle, qui réglemente et administre, se dévoile une autre ville, éruptive, vivante, où l’architecture se tord sous la pression du nécessaire et du quotidien.

Il y a des enclos de résistance de vie, ici, parce que Marseille est une ville pauvre, une ville aux particularités fortes et puissantes. Dans un pays ultra-centralisé, Marseille n’a jamais pu prendre Paris comme modèle ; les intérêts des deux villes étaient trop contradictoires. L’une est tournée vers l’Europe ; l’autre vers la Méditerranée. Marseille n’a jamais su ou pu avoir les moyens de ses ambitions.

Ce qui fait la beauté de ma ville, ce sont les contrastes. Ici, pas de monuments : c’est la cité tout entière qui est un monument !
Ce qui la rend vivante, ce sont ses résistances au policé, cette somme de bouts de ville bordéliques, baroques, personnels, poétiques.
Ces endroits vrais nous renvoient à une lecture critique de la cité.
Comme par magie, le passant n’est plus spectateur, mais acteur ; la politique redevient sensée.
Le nécessaire peut être spectaculaire !
Et puis il ne faut pas trop en dire, laissons chacun libre d’interpréter…
Assez de prosélytisme, il faut savoir garder un secret… continuer à chercher.