Blade Runner ou ballades tranquilles ?
Il y a eu la ville atelier puis la ville libérale et ces époques sont révolues ou en passe de l’être. Le temps des grands gestes et de l’éradication du passé est aussi terminé. La ville doit se réparer, s’arranger, être un lieu ouvert, capable d’évoluer. Elle devra être plus douce, plus confiante, plus sûre et trouver les chemins pour s’aimer, se trouver belle et rendre cet amour en revendiquant ce pour quoi elle est faite, ce qui la constitue : l’accueil. La ville de demain devra faire face à la plus grande vague de migration de l’histoire des civilisations.
Difficile de faire comme si de rien devant 500 000 000 de personnes. Jamais depuis que ce monde est monde elle n’aura connu une telle situation.
Là partout, tout le temps, elle est devenue un lieu de ségrégation, elle doit redevenir ou devenir un lieu de réunion, de plaisir et de bien être où chacun aura légitimement sa place.
La ville d’aujourd’hui est finie. La ville de demain sera une ville sans barrière, libre et fière, à défaut, elle s’exposera à de telles tensions qu’elle deviendra invivable. Que serait un monde où le lieu de vie de 80 % de la population serait impossible?
Il n’est pas besoin de scénario de science fiction post apocalyptique nucléaire.
La ville s’autodétruira si elle cesse d’être ce qu’elle doit : accepter d’accueillir.
Matthieu Poitevin