Poussière de gouttelettes formée par les vagues qui se brisent et sont emportées par le vent.

Mais quelle vague a pu être assez gigantesque pour partir de la mer la plus proche et arriver jusqu’ici ? A moins qu’il ne s’agisse des embruns du lac de Serre-Ponçon. Comment se pourrait-il que la ville ait trouvé son inspiration dans une retenue d’eau créée bien après sa naissance ? Nous y reviendrons, avant cela il nous faut parler du site et de son adéquation avec ce programme. Au-dessus de la ville, en limite d’un quartier résidentiel, un immense pré en pente, des arbres séculaires. Impossible de rester insensible. Partout le soleil nous frappe et la vue nous happe. Si quelque chose se partage c’est le paysage. Personne n’en est dépositaire, personne n’en est propriétaire, il ne viendrait à quiconque de trouver à redire à un paysage. Qui songerait à pousser un peu plus la montagne par ci, ou abaisser cette autre par là . La ligne directrice vient de ce constat; respecter le site, le comprendre et en prendre soin et alors ne rien faire ou presque. Ne pas se l’approprier ou le morceler mais le partager, pas de parcellaire, un lieu commun un vrai lieu commun laissé en pâturage agricole. Tout découper en petit bout de presque rien serait un non sens, les maisons individuelles ne sont donc qu’une série de volumes tous identiques mais dont les dimensions sont pensées pour permettre tous les agencements de vos souhaits. Choisir sa maison devient un jeu auquel tout le monde peut participer. L’ostentation architecturale n’a vraiment aucune légitimité, encore moins ici qu’ailleurs. La majesté c’est la nature, la topographie et la géographie. Le projet est conçu pour épouser le plus possible le sol, établir avec lui un dialogue. Nous choisirons toujours la douceur, une caresse faite à la terre à la violence des tractopelles pour engendrer des mouvements de terrains artificiels . Les plots de logements collectifs poursuivent cet élan. Nous partons du volume générique et nous le déclinons en autant d’usages que nécessaire. Ce tramage total a aussi pour atout d’offrir une radicalité constructive qui nous permet d’opter pour une standardisation structurelle en bois tout en faisant de chacune des situations un cas particulier. Enfin, la laideur n’existe que dans les yeux de celui qui la regarde. Dès lors, pourquoi démolir les bâtiments existants certes ingrats comme çà, mais qui peuvent servir de base à une transformation et ainsi être plus vertueux au regard de la transition écologique. Nous choisissons de ne pas ou peu les démolir, de nous en servir et de les réhabiliter. Il s ‘agit plus d’une mutation que d’une simple réhabilitation. L’opération prendra du temps. Ça permettra à chacune de nos interventions de prendre racines pour devenir une part constituante de ce site incroyable. Nos bâtiments seront à terme les plantes minérales disséminées parmi les autres sur ce territoire. C’est peut être pour çà que ce lieu s’appelle Embrun. Notre projet n’est qu’une série de poussière et de gouttelettes emportées par le vent qui sont venues rencontrer ce site rêvé.