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Édition
- Fragments d'une architecture euphorique Découvrir
Victor Hugo
Opérations : Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public - CNAREP - Aménagement du site des Ateliers des Capucins à destination des Arts de la rue à Brest (29).
Maître d'ouvrage : Ville de Brest
Surface : 3 600 m2
Coût : 6 300 000 € HT
Maîtrise d'oeuvre
Architecte mandataire : Caractère spécial
Architecte Associé : Kraft Architectes
BET TCE : Sobretec
Acoustique : Marshall day
Scénographe : Changement à vue
Date : 2018
Mission : Concours
CONSTRUIRE JUSTE
Que faut-il faire face à la force évocatrice d’un tel bâtiment ?
Comment retranscrire l’émotion ressentie et la transmettre sans l’abimer lorsque pour la première fois nous y sommes rentrés ?
Faut-il lui montrer de quel bois on se chauffe, lui tenir tête, faire le malin, travailler sur une expression personnelle dont il sera l’écrin ou plutôt essayer de faire comme si de rien, comme si ce que l’on ajoute était là depuis longtemps, au service du bâtiment et des gens qui l’habitent et le font vivre ?
Que faut-il montrer, où pouvons-nous nous appuyer ?
La salle de spectacle est à l’évidence le point d’orgue de ce projet. C’est là que la conjugaison entre les déambulations orchestrées des artistes et l’immensité des murs du fourneau vont rentrer en résonance et en harmonie pour en révéler la majesté et la vérité.
Il y a tout lieu de se taire ici de faire un projet silencieux. Notre projet est beau, ça va sans dire, d’ailleurs la beauté ne se dit pas, mais il parle à voix basse comme pour respecter le lieu qui l’abrite, comme pour se faire discret devant le spectacle qui se déroule. Il parle à voix basse comme pour mieux pénétrer doucement les âmes des spectateurs ou des passants.
Il est beau parce qu’on ne cherche pas la beauté dans la forme ou dans l’image mais dans les matériaux que nous avons choisis comme le plus amène de mettre le lieu tout entier en beauté.
Il est beau parce que l’on comprend comment il est constitué et que sa construction est en rapport d’échelle avec le lieu. Continuer les passages, prolonger les vues, garder les hauteurs, voir les murs, il y a un rapport charnel presque utérin à travailler à l’intérieur d’une friche. Celui qui n’est pas sensible à cela ne sait pas ce qu’aimer veut dire. Il a oublié l’érotisme de sa vie.
La ligne directrice de notre projet n’est rien de plus que de perpétuer le plaisir et l’émotion que provoque ce genre de lieu.
Notre seule opportunité d’offrir de la beauté est de ne pas la rechercher mais de tout mettre en œuvre pour la rencontrer et la faire éclore.
C’est ce qui peut rendre ce métier magique, nous arrivons parfois par l’assemblage de solide à ce qu’ils deviennent une alchimie d’émotions. Une pierre dans un paysage reste une pierre, une pierre mise en œuvre par un homme peut devenir une pépite.
Il n’y a rien de sensationnel dans ce projet mais s’il est réussi, il sera un coffret à sensations ….