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Friches + Culturel

Friche La Macérienne

Le charme discrets des places perdues .
La présence de ces bâtiments est d’une telle évidence, d’une telle puissance. Pourquoi ceux-ci nous saisissent tandis que
d’autres nous laissent de marbre ?
Est-ce la modénature des appareillages de briques ?
Est-ce les voûtains sur les poteaux fonte?
Est-ce les immenses ouvertures à peine striées de très fines menuiseries métalliques?
Est-ce la présence de l’eau, de la végétation, des deux, ensemble ?
Est-ce autre chose encore ?
Est-ce tout ça ou au contraire rien de tout ça …?
Il ne peut y avoir de réponse à ces questions et c’est très bien comme çà.
Une émotion n’a rien de rationnelle et la principale erreur consiste à chercher à rationaliser une émotion .
La seule est unique piste à suivre, la seule quête vers laquelle tendre pour redonner vie à cet endroit est surtout de
scrupuleusement tout faire, quelque en soit le moyen, pour préserver et protéger l’émotion qui saisie n’importe quel
visiteur de ce lieu fait de chair et de sang. Celui ou celle qui jugera ce projet en fonction du geste qu’il pourra y faire ou
de l’efficacité rationnelle du plan se trompera radicalement de voie. C’est un exercice intégral de sensibilité et d’équilibre
à trouver pour que le plaisir ressenti ici soit offert à toutes et tous.
C’est donc un projet qui doit permettre !
Permettre les usages, Permettre à l’imaginaire d’être transporté, Permette le transformations et les mutations
C’est un projet de places perdues.
Là où tout à été pensé, tout devient figé, là où tout reste à imaginer, tout devient vivable .
C’est par l’imagination et rien d’autre que nous pourrons redonner vies à la Macérienne .
La vie ne se décrète pas, elle se produit par accident, il lui faut du temps, de la patience et des occasions .
Il n’y a aucune raison pour que la sédimentation des objets et des fonctions soient identiques, c’est même le contraire, ce
qui fait le charme des friches, c’est le côté foutraque, la multiplicité des écritures, la juxtaposition des contrastes. Nous
resterons par conséquent et à dessein parfaitement velléitaire sur les dessins .
Ces bâtiments existent bel et bien, ils n’ont en rien besoin qu’on leur ajoute ceci ou cela, ils sont comme ils sont et ce
serait leur faire offense d’y adjoindre une verrue, une excroissance ou une forme pour une forme. Ils n’ont pas subit
d’accident corporel, pas plus que les ravages d’une attaque chimique, ils n’ont absolument pas besoin de chirurgie
esthétique .
La seule nécessite ici est de créer des circulations verticales et de relier les bâtiments entre eux pour augmenter encore
leur capabilité à être habité.
Voilà notre travail, il consiste à faire en sorte que ces constructions puissent être habitées quasiment telles quelles sont.
Faire une architecture de la disparition pour mettre en valeur ce qui est là.
Le mot auteur est emprunté du latin: auctor, celui qui accroît.
Soyons les auteurs la Macérienne elle n’a besoin de rien d’autre .
MATTHIEU POITEVIN