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Bureaux + Équipements

Office de tourisme d’Arles

PARTI ARCHITECTURAL

Le projet proposé est une expression des couches successives d’aménagement de l’esplanade Charles De Gaule. Il est impossible de construire ici un office de tourisme sans que celui-ci ne prenne la pleine mesure du sol antique qui le porte. Notre projet pose un niveau de référence qui sera le niveau de l’esplanade. Le socle du projet, au niveau des fouilles antiques, fait de béton excavé par endroit, suggère la masse et le caractère de fondation (fondateur) du sol arlésien. Le gabarit d’implantation imposé faisant apparaître un décalage entre les façades basses et hautes, nous avons choisi de concentré l’ensemble des programmes dans l’alignement de la façade haute, soit vers le fond de la parcelle. Ce choix radical permet de regrouper la majorité du programme dans l’espace libre et non sur l’esplanade dont la structure serait à réinterpréter. Ensuite, les espaces d’accueil et leur accès, viennent chercher les visiteurs au plus proche de la ville antique.
L’Office du tourisme d’Arles, c’est non seulement celui de la ville mais c’est aussi celui de toute la Camargue. C’est celui de la capitale de la Provence. C’est un bâtiment construit qui ne se parle pas à lui-même, qui arrête de se regarder, mais qui s’offre en totalité. Sa matière, c’est celle de son pays : le vent, le temps, la pierre, la lumière pour accueillir les taureaux, les chevaux, les oiseaux bâtons appelés parfois flamands, les roseaux, les oiseaux, les cannes, le sel, la mer, le fleuve, les parfums ; mais aussi les gens. Il ne s’agit pas d’un bâtiment mais d’une porte sur toute la Provence. Cet endroit ne doit pas parler pour ne rien dire. Cet endroit est sauvage et incertain. Cet endroit est infini, profondément et absolument infini.
Pas de place à la figure de style, au maniérisme, à la gesticulation à la coquetterie ou à la coterie. Pas de place aux faux-semblants, on ne se cache pas ici, ou mal, on fait corps, on écoute, on sent et on se tait. Il n’y a rien à faire, c’est tout le contraire, il faut montrer ce que cette ville et sa nature sont ! Quel architecte pourrait dire que sa signature est plus puissante que celle des éléments. Il y a des moments, sans doute tous en fait, où l’ego de l’architecte doit disparaître pour que seule la conscience et l’évidence apparaissent.
La forme nous contraint, et bien soit, essayons de casser les limites qu’elle veut nous imposer. Comment parler du vent, de l’usage et du temps ? Comment parler des ombres, des suggestions et de l’horizon ? Il ne s’agit que d’une structure en portique qui rythme la vue et séquence le mouvement pour supporter les usages demandés. C’est un peu comme une cabane de pécheur ou de chasseur, comment se fait-il qu’une cabane procure infiniment plus de plaisir que n’importe quel bâtiment d’architecture contemporaine ? Peut-être parce qu’on se sent acteur avec la cabane et pas simplement spectateur. Peut-être parce que la cabane dit l’essentiel ; que chaque chose parle de l’intelligence avec laquelle elle a été conçue, peut-être parce que l’ego n’existe pas dans une cabane.
Ce projet est d’abord un projet qui dit ce qui est, qui montre comment il s’est construit, qui protège du soleil par des toiles blanches le long des structures bois, qui offre l’histoire des ombres, qui montre le parcours naturel dans l’espace et dans le temps. On rentre dans l’accueil, au présent, puis on descend dans les vestiges du passé, pour ressortir vers l’espace public.
C’est une architecture vivante, mouvante et indomptable.
Ainsi soit elle !